mercredi 3 juin 2009

Interview de Pascal Vion, directeur de la maison d'arrêt des Hauts-de-Seine


Société
vendredi 22 mai 2009

Ce directeur se bat pour une prison moderne


Pascal Vion tient aux règles européennes parce qu'elles « améliorent la vie des détenus et celle du personnel ». : Daniel Fouray

À Nanterre, il met en place les règles pénitentiaires européennes. La ministre de la Justice, au contraire, les met entre parenthèses. Interview d'un homme « consterné ».

Entretien
Pascal Vion.

43 ans, directeur de la maison d'arrêt de Nanterre (Hauts de Seine).

L'accord conclu récemment par Rachida Dati et deux syndicats de surveillants prévoit un moratoire sur l'application des règles pénitentiaires européennes. Qu'en pensez-vous ?

Je suis consterné. Je ne crois pas en cet accord. C'est une gesticulation politique. Je ne peux pas imaginer une seule seconde que l'on abandonne ces règles européennes. Peut-être ne peuvent-elles être menées à bien partout à la même vitesse. Il faut prendre en compte les situations locales. Mais une majorité de chefs d'établissement et le personnel dans son ensemble, je le crois, y sont favorables. Il y a six mois les syndicats l'étaient aussi.

Pourquoi tenez-vous à ces règles ?

Parce que ces 108 règles européennes transcendent nos problèmes franco-français. Elles touchent à tous les aspects de la vie en prison. Elles améliorent la vie des détenus et celle du personnel. Elles structurent toute la politique actuelle de l'administration pénitentiaire. Elles sont le socle de la future loi adoptée par les sénateurs en février. On va forcément y revenir très vite. Elles permettent par ailleurs de valoriser notre travail auprès de la société civile. Pour que l'on ne parle plus des prisons de la honte.

Les appliquez-vous à Nanterre ces règles ?

C'est en cours. Nous revoyons, par exemple, toutes nos procédures d'accueil des nouveaux arrivants, avec une équipe dédiée à cela, formée au choc carcéral que subissent les entrants. Nous avons séparé les prévenus des condamnés, malgré le taux de 150 % de suroccupation de l'établissement. C'est en place depuis mars. Des téléphones sont désormais à disposition des détenus dans les coursives. Le temps de parloir pour les familles a été doublé. Les rendez-vous se prennent désormais du lundi au samedi, matins et après-midi.

Par quel miracle ? Vous avez du personnel supplémentaire ?

Le miracle, c'est l'adhésion des équipes. Deux équivalents temps plein ont été financés avec des heures supplémenta ires. C'est tout. Mais ce métier, il vous prend aux tripes. On y gère des situations humaines parfois très difficiles. On est en bout de chaîne. On intervient quand presque tout a échoué. La famille, l'école, l'hôpital, car on reçoit ici aussi des cas psychiatriques... Alors, nous n'avons pas le droit de baisser les bras.

Recueilli parBernard LE SOLLEU.

source : http://www.ouest-france.fr/actu/economieDet_-Ce-directeur-se-bat-pour-une-prison-moderne-_3636-941686_actu.Htm

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